Cela fait maintenant un peu plus d’une semaine que Reeve est arrivée à la Capitale. Son avis sur les lieux n’a pas grandement évolué. Avec la maigre bourse avec laquelle elle était partie, et ce qui lui restait en arrivant, elle n’avait guère beaucoup d'options de logement. Elle se trouva un trou à rat au-dessus d’une auberge miteuse, mais au moins elle avait un toit sur sa tête. Plus pour très longtemps cependant, depuis 2 jours elle évite le responsable des lieux car elle n’a plus de quoi payer. Or elle n’a toujours pas trouvé d’emplois, peu importe quoi. Tout le monde lui ferme sa porte, soit pas assez expérimentée, soit pas trop rousse ou trop bizarre.
La jeune femme doit se rendre à l’évidence, pour l’instant il n’y a que la chasse qui puisse lui rapporter un tant soi peu d’argent. Elle ne pouvait pas demander à qui veut bien l’entendre s' il y avait un monstre à chasser dans les parages. Cela attirerait bien trop l’attention. Sa proximité avec la salle commune de l’auberge depuis sa chambre, lui permettait d’entendre les bruits qui courent sur les Hunters, et leur manières. Cet endroit n’était vraiment pas fait pour elle.
Pourtant, un matin, au détour d’une ruelle, elle entend un commérage entre deux habitantes qui pique directement son intérêt.
Dans les bois les plus proches de la ville, des villageois se mettent à disparaître sans explication. Avec le peu de détails qu’offrent les deux vieilles femmes, cela semble être qu'une simple spéculation, mais Reeve ne doit ignorer aucune piste.
Aussitôt elle sort de la ville et se met en route des maisons en question. Elle a du mal à trouver quelqu’un qui veuille bien lui en dire plus. C’est un mendiant avec une jambe en moins sur le bord de la route qui finit par lui parler. Elle comprend bien que s' il avait eu ses deux jambes, il aurait fait comme les autres, il aurait passé sa route.
Le monstre qu’il décrit semble tout droit sorti d’un conte pour enfant. Reeve sait que ces mêmes monstres peuvent exister au détour d’un bois sombre.
En dehors du fait que cette chasse pourrait lui apporter un peu de pécunes, elle espère que la présence de cette bestiole, apparemment très dangereuse, serait ce pourquoi Raam n’était pas rentré.
Par chance elle trouva à l’entrée de la ville un panneau avec des petites annonces, dont celle qui parle d’une créature à chasser en échange d’une belle somme. Lorsqu’elle part en quête de l’auteur de ce bout de papier, celui-ci lui rit au nez quand elle lui explique qu’elle va partir en quête de cette chose et qu’il fallait qu’il lui en dise plus. Elle se retrouve donc avec une hypothétique créature sanguinaire et une vague direction.
Elle était habituée à ce genre de mépris de la part de la gente masculine. Elle repartit sans attendre de plus de cet énergumène.
Il lui fallut presque le reste de la journée pour retrouver un semblant de trace qu’elle put exploiter. Elle n’avait jamais vu de telles empreintes, elle ne savait donc pas à quoi elle avait à faire. Pourtant son bestiaire était assez bien fourni, Raam avait parcouru pas mal de chemin avant de la prendre sous son aile et connaissait la plupart des créatures de ce monde. Cela n'engage donc rien de bon. Si son père adoptif était tombé sur quelque chose dont il ignorait l’existence, cela pouvait présager une possible défaite. Reeve mit un terme à ces idées sans fondement. Tant qu'elle ne trouverait pas son corps inerte, il n’était pas mort.
Elle met un terme à ses recherches lorsque le soleil décline vers l’horizon, elle finit par trouver un endroit pas trop exposé pour passer la nuit. Finalement elle préfère se mettre en hauteur et grimpe à un arbre dont les premières branches sont assez larges pour qu’elle puisse s’y reposer.
L’obscurité s’installe et les bruits de la nuit arrivent petit à petit. Les animaux sortent de leur cachette et commencent à faire leur vie. Elle en entend quelques uns passer à côté de l’arbre sur lequel elle était perchée. Elle ferme les yeux et se laisse bercer par cette vie nocturne.
Dans ces situations elle ne dort vraiment jamais, si bien que lorsqu’un pas bien plus lourd que les autres se distingue un peu plus loin, elle se redresse et scrute la nuit. Le rythme des pas est plus lent et le souffle de la bête lui fait comprendre qu’elle cherche une possible proie. Reeve ne bouge plus et respire à peine. Malgré sa vision plus fine, elle n’est pas encore assez poussée pour qu’elle puisse bien voir la nuit. Du moins pas assez pour chasser sans risque une bête aussi grosse. Malgré tout, elle doit se préparer à n’importe quoi. D’une lenteur extrême, elle se met accroupie sur la branche et place une flèche sur son arc. Elle contrôle chaque battement de son cœur et laisse ses sens la guider.
L'attitude de la bête change, avait elle senti quelque chose ? Reeve n'attend pas de savoir et bande son arc, elle aurait aimé pouvoir viser son œil ou un autre point faible mais tant pis.
Son corps se détend et elle souffle lentement.
Tout ne se passe pas toujours comme prévu.
« halloween »